lundi 12 décembre 2011

Entracte publicitaire

Je valide l’inscription de ce blog au service Paperblog sous le pseudo ananim

Un Google littéraire : Madame Bovary à la fenêtre

Pour le 140ème anniversaire de Flaubert; nous avons le droit aujourd'hui à un Doodle littéraire.
Une bonne illustration pour commencer la semaine.
Pour en savoir plus...

jeudi 8 décembre 2011

La beauté chronometrée* et un Google artistique



Seconds Of Beauty - 1st round compilation from The Beauty Of A Second on Vimeo.


Ce matin, sur France 24, en mangeant mes céréales au chocolat dans lesquelles j’avais ajouté quelques bouts de carrés noirs en plus, j’ai vu une formidable vidéo. Pendant la chronique Web qui passe entre 7h30 et 8h, à un moment par là, mes yeux se sont écarquillés devant le joli montage « The beauty of a second* ».
La marque Mont blanc a proposé aux internautes de « capturer la beauté en une seconde ». S’en est suivie cette vidéo, très poétique, qui raconte avec délicatesse, les nuances de la beauté humaine. C’est un bébé qui sourit, un chat qui ferme son oeil allongé, une couleur qui choque, des cheveux dans le vent, un enfant qui s’étonne ou une femme qui tombe amoureuse.

Si vous souhaitez participer au troisième round, il suffit de vous rendre sur le site de la marque. Vous avez jusqu'au 13/12 mais il ne vous faudra qu'une seconde bien choisie.
Après, en arrivant, il y a eu ce joli Google artistique, je me suis dit qu'il mériterait peut-être sa place sur le prochain montage. 


mercredi 7 décembre 2011

Not going anywhere*: les petits riens qui vous plongent dans la réalité d’avant






Ces jours-ci, allez savoir pourquoi, je suis souvent poussée, par les petits riens qui m’entourent, dans des atmosphères du passé. 

Il y a eu le générique de « Madame est servie » il y a deux jours, alors même que je passais d’une chaine à une autre - en appréciant d’autant plus ce jeu que j’ai passe dix ans sans avoir de tele à la maison. Alors voila, les premières notes entamées et j’y étais tout à fait, ces soirs où ma mère, enceinte de mon frère, nous serrait dans ses bras, ma sœur et moi. On riait toutes les deux aux blagues de Tony à Angela. La musique était vieille, les épisodes tournés avec une technologie archaïque qui rendait l’image sur ce grand écran presque anachronique. J’ai eu presque l’impression que je regardais des archives en noir et blanc. Et pourtant j’y étais complètement, dans cette famille qui ressemblait à la mienne mais qui n’était pas encore tout à fait la mienne.

Et puis il y a eu cette discussion que j’ai eue avec mon amie D. hier soir. Je l’attendais dans le froid en écoutant un podcast de Vincent Delerm qui répondait avec de jolies phrases aà un Alain Souchon léger àl’antenne de France Inter. Quand elle est arrivée avec le nez tout rouge des débuts de grands froids, je lui ai expliqué que la magie de la technologie me permettait de trouver les émissions de radio sur itunes en tapant un nom d’artiste. Et nous nous avons alors parlé, sur le chemin du bus, bras dessus, bras dessous, des émissions de notre enfance. Max et Jenny. Doc et Difool. Et bien sûr, le monde de M. Fred qui a embelli mes nuits d’adolescente. 

J’ai aussi repensé à cette année pendant laquelle j’étais en stage dans une station de radio et à l’atmosphère feutrée des soirées d’enregistrement quand les bureaux se sont vidés et que le réalisateur compte les secondes pour couper les séquences.
Mon amie D. et moi sommes enfin arrivées au concert de Keren Ann où nous avons eu la chance de pouvoir nous asseoir tout près de la scène, à ces rangs où le spectacle vous bouleverse même quand il n’est pas tellement réussi. 

Elle est arrivée, avec ses musiciens. en jean et sur de jolies chaussures à talons, avec ses longs cheveux qui lui donnaient un air de jeune fille, terriblement. Et j’ai repensé a la Keren Ann que j’avais vue en mai, au Zappa club de Tel Aviv, qui s’emmêlait les pattes dans les fils et les pédales et qui balbutiait dans un hébreu un peu écorné, accompagnée d’un guitariste seulement. Elle était déjà très belle. Le spectacle d’hier était très enthousiasmant mais il était aussi très différent de ce soir de mai ou je m’apprêtais à me marier civilement. Hier, dans le froid bruxellois, j’étais mariée, j’avais déménagé, et j’avais une idée toute aussi vague de ce que serait mon avenir qu’en ce soir de mai.. Simplement ce n’était plus vraiment mon avenir. C’était maintenant le nôtre.

*Délicieuse chanson de la douce Keren Ann.

vendredi 2 décembre 2011

Paris s'éveille* : les formidables résolutions du mois de décembre




J'ai abandonné ces derniers mois tous les projets qui touchaient de près ou de loin à l'écriture. J'avais la tête trop occupée, j'allais me marier.
Maintenant que je me suis engagée, sous une houppa joliment décorée, à aimer mon G. pour toujours et à créer avec lui un foyer apaisé, je suis un peu changée, mais je ne vagabonde plus sur les blogs de mariage, je ne me refais plus dans la tête le film de ce moment où j'avancerai au bras de mon père, vers un G. ému. Et mine de rien, ca libère du temps..
Alors voilà, je reviens à mon blog, délaissé. Je reviens à mon texte, abandonné. Je reviens dans la danse.
Je compte les jours jusqu'au 15 décembre, où je vais voir le spectacle de Vincent Delerm, Memory, aux Bouffes du Nord. Le seul souvenir que j'ai de cette salle est celui de ce soir, il y a des années, pendant mon année de Terminale, où j'étais allée voir une version modernisée de Hamlet et où j'essayais de comprendre en quoi, le fait qu'il n'y ait pas de scène surélevée, nous rapprochait fondamentalement de la mise en scène en louchant sur mon voisin de droite, ouvertement homosexuel et qui ne m'aimerait donc jamais, à mon grand désespoir.
Et puis je pousse une à une les cartes que nous écrivons pour remercier nos invités d'être venus célébrer avec nous, en me disant que bientôt; il n'y en aura plus et qu'alors, je n'aurai plus aucune excuse, je devrais retourner à l'écriture de mon texte.
Je feuillète, le soir, dans notre lit, le livre de photos de Vincent Delerm, Probablement, en me disant que je n'ai jamais aimé les fêtes foraines et que probablement, je n'en verrai jamais plus que le côté désargenté et un peu bancal. Et je me demande si finalement, il n'a pas été un peu cruel de nous montrer lecôté profondément triste des moments joyeux de l'enfance.
Et puis je pense, un peu perdue, à ce moment où je reposerai le pied en Israël à la fin du mois alors qu'il y aura presque deux mois que j'aurais quitté le pays.

*Une reprise géniale de la chanson par... vous l'aurez deviné

lundi 17 octobre 2011

L'impossible dilemme du peuple israélien: le retour doux-amer de Gilad Shalit

Il y a quelques jours, en démarrant la voiture, j'apprenais de la voix du présentateur du matin sur Galgalatz l'incroyable nouvelle: Gilad Shalit allait être libéré.
Pendant cinq ans, c'est le coeur serré que j'ai vu se succéder dans ma boîte mail ou sur mon profil Facebook le compte infernal des jours de captivité de Gilad Shalit.
Diaporama de photos de lui enfant, photocopie de sa carte d'identité française, clip de politiques expliquant pourquoi la libération de terroristes contre le retour de Gilad était acceptable, chaises vides aux tables des restaurants, chaises de bars vides dans les soirées alcoolisées. Gilad était parmi nous. Toujours.
Et l'idée de ses parents qui remuaient ciel et terre parce qu'ils savaient que leur fils était vivant quelque part à quelques kilomètres de Tel Aviv torturait les esprits.
C'est donc avec une joie émue que j'ai accueilli la nouvelle, partageant mon enthousiasme avec les rares collègues qui travaillaient par ce matin de veille de fête de Souccot.

Et puis, aujourd'hui, doux-amer, le prix à payer. La libération de terroristes. L'infâme idée que des gens qui ont pensé des attentats abominables sortent de nos prisons, le coeur léger. La douleur des familles qui ont perdu un enfant ou un parent. La vertige de ceux qui ont perdu une famille.

Et face à eux, Noam Shalit, vieilli, défendant avec ferveur, sa seule raison de vivre, le retour de son fils.

Mais quoi alors ?
Où est la paix ?
Où est le soulagement ?
Quel pays peut véritablement envisager de déchirer l'opinion publique de cette manière. A. me l'a bien dit, son copain pense que c'est du grand n'importe quoi. Ni moins Ni plus.

J'ai le coeur serré.
Et je partage l'espoir doux-amer que Gilad soit demain parmi nous autant que je souffre de l'injustice de savoir  ces bourreaux libérés.

Une question naïve parmi d'autres mais vraiment:
Jusqu'à quand ?

dimanche 17 avril 2011

Hag Sameach et une recette pas du tout adaptée

Je lisais un peu impatiemment les nouvelles sur Internet lorsque je suis tombée sur une recette merveilleuse mais pas du tout d'actualité - pendant Pessach, fête qui commence demain et qui durera une semaine pendant laquelle nous ne mangeons rien de ce qui a levé donc aucun gâteau ou pain.
Mais elle est merveilleuse alors puisqu'aujourd'hui, c'est encore permis, je vous laisse le plaisir de découvrir une recette filmée de Pierre Hérmé, le macaron Ispahan

Et la recette écrite est ici.

Bonne dégustation visuelle.

mercredi 13 avril 2011

Les sales coups de la vie : le mariage endeuillé.

Il n'y a pas longtemps, j'écrivais un billet sur l'émotion que m'avait procuré le fait de voir ma prof de danse prendre des vacances pour se marier. Parce que ça me faisait penser égoïstement que ce serait bientôt mon tour. Mais aussi parce que j'étais très heureuse pour elle. Elle méritait tout le bonheur du monde.

Hier, je me suis rendue au studio, en espérant vaguement savoir à quelle date elle reviendrait de son long congé. Mais pas de signe apparent de son retour, sur l'écran, en rouge, le nom de son remplaçant.

Je suis entrée en me traînant dans la salle blanche quand je vis A. qui me faisait signe.

C'est quoi le nom de famille de N., m'a-t-elle demandé.

Je ne sais pas trop. Pourquoi ?, lui ai-je répondu.

Parce qu'il y a une affiche qui di que nous  faisons nos condoléances à N. X. pour le décès de sa soeur.

Je tire A. par le bras, me foutant pas mal que le cours ait commencé. Nous sortons chercher quelqu'un qui pourrait nous renseigner.

La fille aux longs cheveux châtain de l'entrée nous explique que N. s'est bien mariée la semaine dernière mais que sa soeur est décédée deux jours plus tard.

A. et moi nous sommes regardées, desespérées. En plus, nous allons toutes les deux nous marier bientôt.

Elle ajoute que sa soeur était malade depuis longtemps.

Et alors ?

La vie peut être incroyablement injuste. Et terrible.

dimanche 3 avril 2011

Le Google des nuits d'été...


Quand Google fête les soirées d'été, les souvenirs des dinners dans les films kitchs, les épisodes de Brother and sisters dans lequels on se retrouve devant.... un ice cream sundae.
Grease !

jeudi 31 mars 2011

La chimie de Google

Alors ça, un Google qui réveillent les souvenirs des TP de physique-chimie, en blouse blanche, dans la salle du fond. Quand on jouait à se faire sortir du cours l'un l'autre et que l'on déclarait le dernier resté gagnant.
Quand on s'aspergeait avec des pipettes à eau.

Un Google à la mémoire de Robert Wilhel Bunsen et à son bec Bunsen :)

mercredi 30 mars 2011

Sunrise, Sunset* : ses vacances un peu particulières



« Nous aussi d’ailleurs on se sépare pour deux semaines. »  On s’est toutes regardées. Et puis un murmure a
couru dans la salle d’une bouche à l’autre. Entre étonnement et joie, contrariété et surprise. Et les mots ont couru jusqu'à moi.
«  Elle se marie. »
Alors voila, N. nous a regardées avec ses grands yeux et elle a dit « merci, merci » aux « Mazal tov » qui résonnaient dans la salle.
Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. En fait, je n’ai pas pu m’empêcher d’être heureuse. Pour elle. Pour moi.
Pour nous toutes.
Ensuite je l’ai regardée longtemps en me demandant ce qu’elle pensait et puis aussi ce qu’elle ressentait a la veille de son mariage. Et j’ai eu l’impression que moi, je serai plus nerveuse, moins sereine.
Mais N. est comme ca, elle a toujours l’air apaisé.
Quand le cours s’est terminé, je suis allée la féliciter et quand elle m’a remerciée, j’ai senti que son sourire était sincère. Parce qu’elle savait que moi aussi. Bientôt. Et j’ai repensé au jour où nous avons comparé la taille de nos bagues. Comme des gamines.
J’ai poussé la porte en verre en souriant.
Et je me suis demandé comment je pouvais être heureuse pour une fille qui n’est même pas une amie.
Quelques pas plus tard, j’ai eu trouvé la réponse.
En allumant son iPod, A. m’a demandé comment nous allions faire pendant deux semaines sans elle. Elle avait
l’air aussi contrariée que moi. Et on a rigolé en se demandant comment on ferait quand elle tomberait enceinte.
J’ai avancé.
Et derrière moi, j’ai entendu une voix avec un accent américain très prononcé expliquer « non mais c’est vrai ; je l’adore. En fait, rien que la regarder, c’est un plaisir. Elle est tellement gracieuse. »
J’ai souri.

*Titre magique de la chanson du mariage de la première fille dans la comédie musicale « Un violon sur le toit »

lundi 28 mars 2011

Avec le temps* : Partir, revenir



Prendre notre rencontre comme une chance.
Te regarder différemment.
Te regarder en me demandant.
Chercher dans tes gestes la maturité.
Chercher dans tes paroles les valeurs qui dictent tes décisions.
Penser que peut-être et en fait non.
Penser que certainement pas et en fait si.
Observer ton sourire quand tu caresses mon ventre.
Et toujours me demander si as deviné.
Oublier que l’on ne se connait pas vraiment.
M’accrocher à tes yeux rieurs.
Espérer que tu seras peut-être prêt.
Formuler à l’infini le secret qui se cache en moi.
Le dire a haute voix le matin face à mes yeux cernés.
T’attendre le soir jusqu’à sentir que le jour est arrivé.
M’approcher de ton oreille pour enfin te dire.
Retenir ma respiration.
M’endormir.
Me réveiller dans une maison vide.
Réaliser que tu n’es plus la.
Penser que tu reviendras.
Recevoir ta lettre.
Comprendre que finalement pas.

(Variation sur l'exercice " Partir, revenir" proposé sur le blog Chevalier des touches animé par l'écrivain Martin Winckler)
*Reprise par Aviv Geffen de la chanson "Avec le temps" de Leo Ferré

dimanche 27 mars 2011

Ce n'est pas une chanson d'amour* : premier jour de printemps



Vendredi après-midi, dans la grisaille pesante, nous avons presque ri au nez de celle qui nous promettait que ma sœur avait choisi le bon week-end pour venir me rendre visite parce que c’était juste le début du printemps. Pourtant, elle avait raison, le samedi fut merveilleux.
Epuisée par les exercices de la veille, S. et moi avons pris, comme de grandes enfants, les mains maternelles pour nous diriger, dans la rue Sheinkin ensoleillée vers le restaurant Orna and Ella**.
La, sur la terrasse ombragée, nous avons tiré un peu la table pour qu’elles profitent au mieux du soleil pendant qu’une famille partageait à la table voisine shakshuka et viennoiseries en nourrissant les bébés de beignets de patates douces  écrasés dans une sauce a la crème et a l’aneth. Sur la table où se reflétaient les ombres dansantes des feuilles de l’arbre qui surplombait le jardin, nous avons grignoté des olives aux teintes variées en attendant pain perdu, croissant à la feta et toast pimenté.
Ensuite, nous avons mangé en riant des mystères de la génétique et nous avons été un peu tristes en pensant que le soir même, elles seraient dans l’avion et que les serveurs de cet endroit, incroyablement séduisants étaient vraisemblablement tous gays.
En descendant les petites marches de la salle blanche pour rejoindre la rue, nous avons conclu que la décoration minimaliste – ampoules quasi-dénudées aux murs – ne gâtaient pas la magie de l’endroit et y participaient meme peut-être.
Nous avons marché dans les rues désertées du marché qui nous ont menées a la plage où le vent flirtait délicieusement avec le soleil. Nous n’étions pas les seules a avoir eu l’idée de profiter de cette première journée de printemps pour nous réchauffer de l’hiver sec trop vite passé.
En sirotant des boissons sucrées, nous avons parle de dérives de Facebook, des réussites Internet. De l’avenir devant nous.
Nous avons fini la journée en marchant vers Yaffo où nous avons encore admiré l’extérieur de l’endroit où nous allons nous marier G. et moi. A la fin de l’été.


*This is not a love song, chanson sensuelle de Nouvelle vague
** Le film "Bubble" avait ce café pour décor

jeudi 24 mars 2011

Google vintage : célébrer la magie


C'est un joli costume que porte Google aujourd'hui en l'honneur de Harry Houdini, célèbre prestidigitateur.
Réminiscence des ambiances colorées et deguisées qui ont envahi les rues d'Israël la semaine dernière pour Purim...

vendredi 28 janvier 2011

Epines* : la loi des mariages en série



Hier, nous avons roulé près d’une heure pour arriver à l’endroit où I. allait se marier. Dans la voiture, Y., entre deux regards hagards sur le GPS, m’a raconté son voyage de noces à Barcelone. Et le final, qui me fit beaucoup rire, de ses insultes en hébreu à l’agent de sécurité espagnol qui lui avait entièrement vidé sa valise parce qu’elle avait l’air suspecte.

Ces derniers mois, quatre collègues ont annoncé qu’ils se mariaient. Et puis, le 28 décembre, après un voyage plus que tumultueux et de nombreuses heures d’avion, G. m’a demandé en mariage. On n’en avait beaucoup parlé et j’étais convaincue depuis le premier jour que nous étions ensemble pour toujours mais ce jour-là, il m’a tendu une bague très brillante qu’il avait acheté sur Broadway pour quelques dollars, il m’a demandé de devenir Mme S. Evidemment, même terrassée par la fatigue, j’ai souri et j’ai mis fièrement à mon doigt, la bague qui brillait un peu trop. J’étais la cinquième. Et, à mon retour, les collègues ont ri. Ils ont parlé de contagion.

Hier, au mariage de I., on était au moins une vingtaine du bureau. Parce qu’en Israël, si les relations sont plus dures, elles sont aussi beaucoup plus sincères. Et la valeur érigée en principe est d’être là pour soutenir les autres. Peu importe le niveau de proximité. On se rend au mariage de ses collègues et on célèbre, au même titre que la famille proche, l’union de ceux que l’on côtoie tous les jours. Et dans les coups durs, on est là aussi.

Cependant, en recevant l’invitation pour le mariage d’I., une curieuse appréhension m’a saisie. Plus tard, je me suis dit que c’était le premier mariage auquel j’allais assister en sachant que le mien était fixé. Pourtant, devant la houppa, coincée entre E., R.et M. qui étaient exactement dans la même situation que moi, je n’ai rien ressenti. J’ai regardé ma jolie bague – la vraie – et j’ai baillé. J’étais ailleurs.

Parfois je trouve que je suis une fille bizarre.

*Epines (Kotsim) : somptueuse chanson écrite par Idan Raichel et interprétée par Aviv Geffen

mercredi 26 janvier 2011

Forever Young : le choix de N.



« Les bonnes choses arrivent par hasard. », m’explique N. quand je lui demande à quel moment elle a décidé qu’elle ferait de la danse sa profession. Et je me dis que c’est amusant qu’elle formule à un tout autre sujet, précisément ce que je pense de son cours.  Parce qu’il y a deux ans, c’est tout à fait par hasard que j’ai poussé la porte du studio où elle enseignait. Les filles étaient les unes sur les autres et c’est justement ce qui m’a intriguée. Qu’est-ce qui les poussait à se précipiter dans un cours d’étirements – discipline qui a priori ne déplacerait pas des foules ?

Et puis N. est entrée. Elle a souri, posé de côté son gros sac avant de venir serrer dans ses bras une femme devant moi. Et, de son allure aérienne, elle s’est dirigée vers le centre de la salle. Les yeux des filles étaient braqués sur elle. Alors j’ai compris. Loin des cris du quotidien israélien, loin des tensions et de la nervosité du monde du travail, les exercices de N. ouvrent la voie de la sérénité. Et un peu comme pour remercier leur chance d’avoir découvert ce secret, ses élèves sont fidèles et assidus.
N. est une Israélienne comme les autres mais il semble qu’elle évolue dans une bulle de tranquillité. Dans un pays où les femmes ont plutôt tendance à crier pour se faire entendre, son calme a quelque chose d’irrationnel. « Ca te dit un sandwich ? », me demande-t-elle en quittant son ordinateur. Quand elle se lève, je réalise qu’elle est plus petite que moi alors même que de loin, sa tenue impeccable lui donne l’air immense.

Nous quittons les studios où elle enseigne dans une petite rue du centre de Tel Aviv. Elle croise l’une de ses élèves et lui souhaite un joyeux anniversaire. Elle me demande si je la connais. « Liat était mon élève quand je travaillais à Hertzilia. J’enseignais la danse classique. Quand l’endroit a fermé et que je suis venue enseigner à Tel Aviv, il y a douze élèves qui m’ont suivie. Elles sont mignonnes. » Sachant qu’Herzilia est a une bonne demi-heure de voiture de l’endroit où nous nous trouvons, il faut y voir une véritable preuve de l’attachement qu’elles portent à son cours. Mais N. ne s’en vante pas, elle salue plutôt leur force de caractère et s’incline devant leur investissement.

Si j’ai décidé de partir à la rencontre de N., c’est parce qu’au-delà de son histoire, je savais qu’elle pourrait dévoiler un peu de ses compatriotes aussi. L’enthousiasme pour son cours de streching en dit long sur ce que ce à quoi ces dernières aspirent. Alors, comment explique-t-elle que la discipline, a priori pas très sexy, remporte un tel succès ?

« La souplesse permet de gagner de l’amplitude dans ses mouvements. C’est en s’étirant que l’on prévient les blessures. Si les footballeurs se blessent si souvent et si gravement, c’est justement parce qu’ils ne sont pas assez souples.  » D’accord, mais ça reste un peu rébarbatif, non ? « On a l’image de la fille qui lève sa jambe en respirant doucement, ça peut sembler facile. Mais il suffit d’un cours pour réaliser que le défi est grand et que la discipline n’est ni monotone, ni ennuyeuse. Et puis c’est un cours où personne ne vous juge parce que chacun part d’une base différente, son corps. J’aime penser que dans mes cours, le groupe est un soutien. ». Elle regarde autour d’elle et j’insiste. Je lui demande si elle ne voit pas d’autre explication. « Les femmes aiment cette discipline parce qu’elle leur permet de changer leur rapport au monde. Elles changent d’allure, elles gagnent en confiance et le regard du monde sur elles change à son tour. » Sur le canapé avachi de l’entrée du studio, N. se tient très droite et il semble que ça ne lui demande aucun effort. Des gens se sont assis près de nous et l’écoutent parler mais elle reste concentrée. « Et puis la musique est essentielle. J’y apporte un soin particulier. Elle donne la ligne de conduite du cours. Elle a un impact réel sur l’humeur et le bien-être ».

N. est également professeure de danse. Aujourd’hui, elle enseigne le jazz qui selon elle « offre une liberté que la danse classique ne donne pas. » Mais c’est évidemment par la danse classique qu’elle a débuté à l’âge de quatre ans. Rapidement, elle s’enthousiasme pour la discipline et enchaîne les cours. L’école de danse devient sa « deuxième maison ». « Je savais que j’étais à ma place. » et la passion transparaît dans ses mots. Huit années passent au bout desquelles sa professeure lui explique qu’elle n’a plus rien à lui apporter. N. salue encore aujourd’hui cette honnêteté qui lui a permis de se diriger vers une école professionnelle. A douze ans, elle entre à l’école Bat Dor – qui a fermé en 2006 – et elle y combine les disciplines : classique, jazz, composition. Dans le même bâtiment, la troupe professionnelle de l’institution répète. « Ils nous impressionnaient tant, on les admirait derrière les vitres du studio. ». De ses enseignants, elle retient « la vision de la créativité dans leurs yeux brillants, cette impression qu’ils savaient exactement où ils voulaient arriver. » Et un jour, elle veut que les gens voient dans ses yeux à elle la même passion et la même rigueur.

Elle a dix-huit ans quand Barak Marshall, l’un des grands chorégraphes israéliens contemporains, lui propose d’intégrer sa troupe. Mais même si la danse est sa passion, N. refuse. Comme ses compatriotes, elle servira dans l’armée.  A un poste que peu se voient offrir. Elle deviendra officier et pendant trois ans, elle ne dansera pas. Les huit premiers mois de son service, elle enseigne le krav maga à des élèves de première et de terminale. Ensuite, elle suit le cours d’officier et devient « officier de krav maga et de gadna pour l’entraînement combattant ». Elle gère le placement des soldates qui enseignent la discipline dans le sud du pays et à Jérusalem. « En parallèle, je travaillais avec des réservistes dont le rôle était de préparer les futurs soldats à un service combattant. » Dans ce cadre-là, elle organise des évènements sportifs comme une course à Jérusalem en partenariat avec la mairie. Mais l’enseignement lui manque et elle décide de changer de voie. Elle formera les futures officiers. « Mon rôle consistait à transmettre aux élèves les valeurs et le savoir pour qu’elles assurent au mieux leur rôle une fois le cours terminé. »

Mais qu’est-ce qui a poussé cette adolescente passionnée par la danse à renoncer à une si belle opportunité ? « L’une des raisons était de pouvoir donner à mes parents fierté et satisfaction. ». N. est la petite dernière de parents rescapés de la Shoah après un frère et une sœur plus âgés de respectivement quinze et sept ans. « J’ai voulu leur assurer qu’ils étaient chez eux en Israël, qu’ils avaient une armée qui veillait sur eux, qu’ils étaient parties intégrantes de ce pays. ».
Quand elle termine son service militaire, elle est convaincue de deux choses, elle sait danser et elle aime enseigner. Elle passe donc le diplôme qui lui permettra d’être professeure et commence à travailler avec des enfants. « Les petits se lancent plus facilement, ils n’ont a priori aucun frein. Le mouvement passe par le corps avant de passer par la tête. Chez les adultes, c’est l’inverse. Ca n’est pas plus facile, le défi est simplement différent. »

Puis elle décide de compléter sa formation en devenant thérapeute du sport. Elle travaille avec les sportifs pour prévenir les blessures mais également avec les athlètes blessés pour les aider à retrouver leurs capacités. « Il fut un temps où je donnais des cours à une équipe de foot. »  Je l’imagine, la danseuse fluette au milieu des hommes en maillot et le tableau me fait sourire. « Tous les samedis soirs, avant leur entraînement, ils savaient qu’ils ne pouvaient pas m’échapper ». Elle sourit aussi.
Depuis deux ans, elle dirige les cours pour enfants des Studios P.. Dans quelques mois, elle sera diplômée de psychologie et business. « Mais ça n’est pas pour quitter le domaine de la danse, au contraire, c’est pour élargir mon champ d’action. »

Plus tard, elle veut « une famille, des enfants » et puis « ouvrir sa propre école de danse » où l’objectif sera avant tout « d’assurer aux élèves, de tous âges et de tous niveaux qu’ils sont entre des mains professionnelles. ». Elle veut offrir à ses futurs élèves la richesse et la diversité de l’enseignement qu’elle a eu la chance de recevoir.

Alors N., une Israélienne comme les autres ? « Nous sommes un tout petit pays et les gens, ici, sont talentueux. Dans tous les domaines. Je pense que la qualité la mieux partagée chez les femmes, c’est l’assertivité. Elles se lancent et obtiennent ce qu’elles veulent. » Elle dit qu’elle aussi, elle est comme ça. N. n’a que trente-et-un ans mais dans ses grands yeux bleus, on lit la sérénité. A moins que ça ne soit la sagesse.