samedi 7 août 2010

Dans la chaleur des nuits (de pleine lune)* : le mariage d’A.




Nous n’avions pas tellement envie de passer chercher M. D’abord, elle parle souvent sans s’arrêter et ensuite, elle habite dans un recoin de Jaffa où mon GPS ne sait pas m’emmener puisque la rue principale du quartier est barrée à cause de travaux. Mais enfin, A. se mariait, nous n’allions pas la laisser arriver en bus dans cette forêt au milieu de nulle part quand la température extérieure du mois de juillet ne vous permettait pas de faire plus de dix mètres sans être moite.

Nous voilà donc embarqués, G., M. et moi dans cette voiture que je conduis sans avoir de permis local alors qu’il y a des mois que je n’ai plus le droit de le faire. Je demande à G. de faire un effort pour parler hébreu puisque M. ne parle pas français. Mais je n’ai pas vraiment eu à insister, il ne lui aura fallu que cinq minutes pour se passionner pour le récit du service militaire de M., rare fille à être rappelée comme réserviste – encore des années après son la fin de son service.

M. nous raconte qu’elle était l’une de ces quelques filles qui étaient « les yeux » des soldats lorsqu’ils partaient sur le terrain. Et là, je suis ébahie. Elle qui est si étourdie dans son travail au quotidien, était littéralement chargée de la vie de soldats de dix-huit ans envoyés dans Hebron pour des missions nocturnes. Je la regarde. Elle a beaucoup maigri ces derniers mois. Je lui trouve quelque chose de charmant. Ce contraste certainement entre son côté tête en l’air du quotidien et sa vivacité certaine quand elle juge qu’il y a un intérêt à s’investir.

Il nous faut trois quarts d’heure pour arriver. Nous sommes parmi les premiers. La huppa est dressée. Je suis émue. Il fait chaud mais il y a un peu d’air, un don du ciel pendant l’été.

A. et sa fiancée ne sont pas très assorties a priori mais ils forment un très joli couple. Elle est grande, il est tout petit et d’ailleurs, sur leur faire-part, ils ont dessiné une grande mariée et un petit homme sur un tabouret près d’elle. Au bureau, tout le monde a beaucoup ri.

Les autres arrivent bientôt et la cérémonie religieuse démarre. Juste avant que les mariés n’entrent, M. me confie qu’elle compte demande sa petite-amie en mariage. Elle me dit qu’elle va acheter une bague vendredi matin. Je souris. Et puis, moi qui ne suis pas très tactile, je la serre dans mes bras.

Ensuite, on a dansé sur des musiques qui n’avaient aucune cohérence et on s’est jeté des bracelets fluorescents par-dessus la piste de danse. On était tout au milieu d’Israël, dans une forêt, un soir d’été. Il faisait bon vivre.
Sur le chemin du retour, les histoires de M. m’ont tenu en éveil. Comme cette soirée où une panne d’électricité a plongé la base militaire dans le noir, sans moyen de communication et sans caméra, où elle a tremblé de peur et où les soldats avaient des balles chargées dans leurs armes ce qui arrive extrêmement rarement.

M. est descendue de la voiture en me souhaitant une bonne fin de vacances. Quand je reviendrai au travail le dimanche suivant, elle serait fiancée. Dans un pays où le mariage entre personne de religions différentes n’est pas possible, j’ai soupiré devant le courage qu’il leur faudrait à ces deux-là pour se lancer.

Il était deux heures quand on est enfin arrivés à la maison mais G. s’est jeté sur le reste du gâteau au chocolat qui traînait encore dans la cuisine.

Fondant au chocolat
(à partir de la recette du livre Je veux du chocolat de Trish Deseine)

4 œufs
200 g de chocolat noir
200 g de beurre
200 g de sucre
1 cuillère rase de farine

Après avoir préchauffé le four à 180 °C, faire fondre le chocolat et le beurre. Laisser refroidir. Ensuite, ajouter le sucre puis les œufs, un à un, en remuant bien. Ajouter la cuillère de farine. Enfourner 22 minutes – à surveiller vers la fin, il ne faut pas rater le coche et le laisser cuire de trop.

* Titre d'une chanson de Pauline Croze

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