Ces jours-ci, allez savoir pourquoi, je suis souvent poussée,
par les petits riens qui m’entourent, dans des atmosphères du passé.
Il y a eu le générique de « Madame est servie »
il y a deux jours, alors même que je passais d’une chaine à une autre - en appréciant
d’autant plus ce jeu que j’ai passe dix ans sans avoir de tele à la maison. Alors
voila, les premières notes entamées et j’y étais tout à fait, ces soirs où ma
mère, enceinte de mon frère, nous serrait dans ses bras, ma sœur et moi. On
riait toutes les deux aux blagues de Tony à Angela. La musique était vieille,
les épisodes tournés avec une technologie archaïque qui rendait l’image sur ce
grand écran presque anachronique. J’ai eu presque l’impression que je regardais
des archives en noir et blanc. Et pourtant j’y étais complètement, dans cette
famille qui ressemblait à la mienne mais qui n’était pas encore tout à fait la
mienne.
Et puis il y a eu cette discussion que j’ai eue avec mon
amie D. hier soir. Je l’attendais dans le froid en écoutant un podcast de Vincent Delerm qui répondait avec de jolies phrases aà un Alain Souchon léger àl’antenne de France Inter. Quand elle est arrivée avec le nez tout rouge des débuts
de grands froids, je lui ai expliqué que la magie de la technologie me
permettait de trouver les émissions de radio sur itunes en tapant un nom d’artiste.
Et nous nous avons alors parlé, sur le chemin du bus, bras dessus, bras
dessous, des émissions de notre enfance. Max et Jenny. Doc et Difool. Et bien
sûr, le monde de M. Fred qui a embelli mes nuits d’adolescente.
J’ai aussi repensé à cette année pendant laquelle j’étais
en stage dans une station de radio et à l’atmosphère feutrée des soirées d’enregistrement
quand les bureaux se sont vidés et que le réalisateur compte les secondes pour
couper les séquences.
Mon amie D. et moi sommes enfin arrivées au concert de Keren Ann où nous avons eu la chance de pouvoir nous asseoir tout près de la
scène, à ces rangs où le spectacle vous bouleverse même quand il n’est pas tellement
réussi.
Elle est arrivée, avec ses musiciens. en jean et sur de jolies chaussures à talons, avec ses longs cheveux qui lui donnaient un air de jeune
fille, terriblement. Et j’ai repensé a la Keren Ann que j’avais vue en mai, au
Zappa club de Tel Aviv, qui s’emmêlait les pattes dans les fils et les pédales
et qui balbutiait dans un hébreu un peu écorné, accompagnée d’un guitariste
seulement. Elle était déjà très belle. Le spectacle d’hier était très
enthousiasmant mais il était aussi très différent de ce soir de mai ou je m’apprêtais
à me marier civilement. Hier, dans le froid bruxellois, j’étais mariée, j’avais
déménagé, et j’avais une idée toute aussi vague de ce que serait mon avenir qu’en
ce soir de mai.. Simplement ce n’était plus vraiment mon avenir. C’était
maintenant le nôtre.
*Délicieuse chanson de la douce Keren Ann.
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