mercredi 7 décembre 2011

Not going anywhere*: les petits riens qui vous plongent dans la réalité d’avant






Ces jours-ci, allez savoir pourquoi, je suis souvent poussée, par les petits riens qui m’entourent, dans des atmosphères du passé. 

Il y a eu le générique de « Madame est servie » il y a deux jours, alors même que je passais d’une chaine à une autre - en appréciant d’autant plus ce jeu que j’ai passe dix ans sans avoir de tele à la maison. Alors voila, les premières notes entamées et j’y étais tout à fait, ces soirs où ma mère, enceinte de mon frère, nous serrait dans ses bras, ma sœur et moi. On riait toutes les deux aux blagues de Tony à Angela. La musique était vieille, les épisodes tournés avec une technologie archaïque qui rendait l’image sur ce grand écran presque anachronique. J’ai eu presque l’impression que je regardais des archives en noir et blanc. Et pourtant j’y étais complètement, dans cette famille qui ressemblait à la mienne mais qui n’était pas encore tout à fait la mienne.

Et puis il y a eu cette discussion que j’ai eue avec mon amie D. hier soir. Je l’attendais dans le froid en écoutant un podcast de Vincent Delerm qui répondait avec de jolies phrases aà un Alain Souchon léger àl’antenne de France Inter. Quand elle est arrivée avec le nez tout rouge des débuts de grands froids, je lui ai expliqué que la magie de la technologie me permettait de trouver les émissions de radio sur itunes en tapant un nom d’artiste. Et nous nous avons alors parlé, sur le chemin du bus, bras dessus, bras dessous, des émissions de notre enfance. Max et Jenny. Doc et Difool. Et bien sûr, le monde de M. Fred qui a embelli mes nuits d’adolescente. 

J’ai aussi repensé à cette année pendant laquelle j’étais en stage dans une station de radio et à l’atmosphère feutrée des soirées d’enregistrement quand les bureaux se sont vidés et que le réalisateur compte les secondes pour couper les séquences.
Mon amie D. et moi sommes enfin arrivées au concert de Keren Ann où nous avons eu la chance de pouvoir nous asseoir tout près de la scène, à ces rangs où le spectacle vous bouleverse même quand il n’est pas tellement réussi. 

Elle est arrivée, avec ses musiciens. en jean et sur de jolies chaussures à talons, avec ses longs cheveux qui lui donnaient un air de jeune fille, terriblement. Et j’ai repensé a la Keren Ann que j’avais vue en mai, au Zappa club de Tel Aviv, qui s’emmêlait les pattes dans les fils et les pédales et qui balbutiait dans un hébreu un peu écorné, accompagnée d’un guitariste seulement. Elle était déjà très belle. Le spectacle d’hier était très enthousiasmant mais il était aussi très différent de ce soir de mai ou je m’apprêtais à me marier civilement. Hier, dans le froid bruxellois, j’étais mariée, j’avais déménagé, et j’avais une idée toute aussi vague de ce que serait mon avenir qu’en ce soir de mai.. Simplement ce n’était plus vraiment mon avenir. C’était maintenant le nôtre.

*Délicieuse chanson de la douce Keren Ann.

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