vendredi 28 janvier 2011

Epines* : la loi des mariages en série



Hier, nous avons roulé près d’une heure pour arriver à l’endroit où I. allait se marier. Dans la voiture, Y., entre deux regards hagards sur le GPS, m’a raconté son voyage de noces à Barcelone. Et le final, qui me fit beaucoup rire, de ses insultes en hébreu à l’agent de sécurité espagnol qui lui avait entièrement vidé sa valise parce qu’elle avait l’air suspecte.

Ces derniers mois, quatre collègues ont annoncé qu’ils se mariaient. Et puis, le 28 décembre, après un voyage plus que tumultueux et de nombreuses heures d’avion, G. m’a demandé en mariage. On n’en avait beaucoup parlé et j’étais convaincue depuis le premier jour que nous étions ensemble pour toujours mais ce jour-là, il m’a tendu une bague très brillante qu’il avait acheté sur Broadway pour quelques dollars, il m’a demandé de devenir Mme S. Evidemment, même terrassée par la fatigue, j’ai souri et j’ai mis fièrement à mon doigt, la bague qui brillait un peu trop. J’étais la cinquième. Et, à mon retour, les collègues ont ri. Ils ont parlé de contagion.

Hier, au mariage de I., on était au moins une vingtaine du bureau. Parce qu’en Israël, si les relations sont plus dures, elles sont aussi beaucoup plus sincères. Et la valeur érigée en principe est d’être là pour soutenir les autres. Peu importe le niveau de proximité. On se rend au mariage de ses collègues et on célèbre, au même titre que la famille proche, l’union de ceux que l’on côtoie tous les jours. Et dans les coups durs, on est là aussi.

Cependant, en recevant l’invitation pour le mariage d’I., une curieuse appréhension m’a saisie. Plus tard, je me suis dit que c’était le premier mariage auquel j’allais assister en sachant que le mien était fixé. Pourtant, devant la houppa, coincée entre E., R.et M. qui étaient exactement dans la même situation que moi, je n’ai rien ressenti. J’ai regardé ma jolie bague – la vraie – et j’ai baillé. J’étais ailleurs.

Parfois je trouve que je suis une fille bizarre.

*Epines (Kotsim) : somptueuse chanson écrite par Idan Raichel et interprétée par Aviv Geffen

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