jeudi 12 août 2010

Voir la lumière * : cours de danse pluvieux



Le mercredi, je commence déjà à m’impatienter. J’attends le cours de danse du vendredi. N’allez pas croire que c’est une habitude d'enfant. Je n’avais jamais pris de cours de danse jusqu’à l’année dernière. Mais près de chez moi, j’ai découvert un endroit merveilleux qui m’a convaincue qu’il n’était jamais trop tard pour s’y mettre. Bien sûr, je n’aurais jamais de très jolies pointes ou cette grâce inhérente au mouvement chez les danseuses. Mais j’aurais ces heures où je me perds dans un effort physique langoureux, où le rythme de mon cœur s’accélère quand la prof annonce que l’on va faire des diagonales et ces instants où j’oublie les priorités de la vie réelle pour me concentrer sur le sens d’une musique ou le rythme d’un enchaînement. Je savais que dans ce studio, j’apprendrai à devenir un peu différente. Un peu plus droite. Un peu plus sûre.
Le vendredi n’est pas le seul jour où je me rends au cours de danse mais c’est mon préféré. D’abord parce qu’au moment où j’entre dans le studio, la ville est bruyante et grouille de passants et de voitures alors que quand j’en sors deux heures plus tard, elle est complètement éteinte. Ensuite parce que c’est le début du week-end et que chacun pense à toutes ces choses qu’il fera peut-être et en fait parfois non. Le cours de danse du vendredi donne un sentiment d’infini. On en sortira fatiguées. On en sortira apaisées.

Mais ce que je préfère par-dessus tout, ce sont les fois où il pleut. Je n’aime pas vraiment la pluie, surtout dans cette ville qui n’est pas équipée pour l’évacuer. Pourtant, j’aime ces jours où l’on n’a pas trop envie de sortir mais où l’on se glisse finalement avec un pull à capuche et un jogging dans les rues inondées. J’aime cet instant où comme il ne fait pas froid, on renonce à se plaindre et où l’on essaye d’éviter l’eau pour finalement mettre le pied – et la chaussette – dans une flaque immense. Ensuite, on arrive en boitant un peu devant le studio à l’entrée glissante. Mais les pas sur le sol froid sonnent un peu différemment. Il fait bon être ici.

Le cours débute lentement et on pense encore un peu à ses chaussettes mouillées mais le week-end est là et on est bien à l’intérieur devant ces miroirs qui reflètent les corps en rythme, qui trahit ceux qui lâchent et qui sublime les danseuses véritables, celles à qui il suffit d’une fois pour s’approprier le mouvement.

Ces jours-là, la voix d’Efrat Gosh* résonne toujours à un moment ou un autre du cours de N. et je m’oublie complètement. A cet instant-là, je n’entends plus que la douceur de ses mots, ma respiration qui se calme, la douleur qui s’éteint. Je me suis dépassée. Je suis un peu plus forte.

*Lirot et ha or - Voir la lumière. Titre d’une chanson d’Efrat Gosh. La prof de danse la met seulement les jours de pluie. Du coup, j’y entends l’hiver et l’humidité.

2 commentaires:

  1. Hey! Merci de tes commentaires sur mon blog, je découvre aussi le tien du coup, que je trouve incroyablement poétique! Mais dis, la pluie? En aout?

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  2. Non, non evidemment, ce sont des souvenirs d'hiver :)
    merci en tout cas.

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